Mai 2024 Un Colloque international sur le thème: «Les diasporas internes en Afrique»

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 APPEL À COMMUNICATIONS

 CALL FOR PAPERS AND CONTRIBUTIONS


Appel à communications

Le Groupe de Recherche Universitaire sur les Mutations en Afrique Contemporaine (GRUMAC), le Centre d’Etude Africaines de l’université de Porto (CEAUP) et l’e Institute for African Studies of the Russian Academy of Sciences (IAS), en collaboration avec la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université de Douala, organisent

Un Colloque international sur le thème :
«LES DIASPORAS INTERNES EN AFRIQUE»

Argumentaire :

Lorsqu’on parle des diasporas africaines, on met généralement en exergue celles qui ont traversé les mers pour s’installer en Europe, en Amérique ou en Asie. Le regard est, dans ce cadre, davantage focalisé sur les parcours de vie (Gherbhel, 2013 ; Mouafo, 2014 ; Chivallon, 2006), les dynamiques d’intégration, leur impact dans la performance économique des pays d’accueil (Kamdem, 2008 ; Blaser, 2010 ; Pondi, 2007), leur apport au développement de leur pays d’origine et à leur insertion socioprofessionnelle et politique (Assogba, 2002 ; Ratha et Plaza, 2011 ; Noubissie Njeumeni, 2014-2015). Aussi, la perspective globale, qui caractérise l’analyse du fait migratoire dans la littérature scientifique (africaine ou africaniste) étudie rarement les diasporas internes. Or, le mouvement des populations à l’intérieur du continent africain est intense. Berceau de l’humanité, l’Afrique a depuis la haute antiquité été un continent de migration. Pour des besoins de commerce et de loisirs, les individus et les groupes y sont constamment en déplacement, ainsi que les biens et les idées. Il va sans dire que les déplacements des populations à l’intérieur du continent, dépendaient beaucoup des transactions commerciales qui s’effectuaient parfois sur des longues distances. Á ces facteurs s’ajoutaient les guerres et la violence politique, religieuse ou sociale exercées par certains empires et royaumes (Ki-zerbo, 1973 ; Cornevin, 1992). Les nombreuses zones de transit et l’émergence des villes marchandes éparpillées sur l’ensemble du continent sont des illustrations parfaites de l’intensification de ce phénomène. Nous pouvons, à titre indicatif, citer les villes de Gao, Oyo, Banza Kongo, Aoudaghost, Tombouctou, etc.

Même longtemps après l’esclavage, le commerce s’érige comme la ligne directrice et le principal levier qui vont d’une manière ou d’une autre expliquer le déplacement des populations. On a même pensé, en vain, que la colonisation devait, avec l’érection des frontières, mettre fin au mouvement interne des populations (Guillaume, 1974). Bien que ralentie par les nombreux mécanismes de contrôle des populations et de leur mouvement, elle ne met pas pour autant un terme au mouvement des personnes. Dans un autre versant, la colonisation va même favoriser l’installation de nombreuses diasporas internes, et leur essaimage à travers l’importation de la main d’œuvre, des soldats et des clercs déployés pour officier dans les grandes firmes coloniales (Unilever, RW King, etc.) qui furent créées dans de nombreux territoires.

Ce mouvement des populations à l’intérieur du continent s’opère sous plusieurs dynamiques et formes. En plus des migrations lentes qui se sont sédimentées depuis plusieurs siècles et dont le principal carburant était le commerce, nous avons également des formes de migrations violentes nées des guerres récentes, des crises et des instabilités politiques (RDC, RCA, Rwanda, etc.). Á ces couches se greffent aussi les déplacements liés aux aléas de la nature (refugiés climatiques), les mouvements favorisés par la découverte et l’exploitation des mines dans un territoire, les migrations temporaires ou saisonnières, etc. Á l’intérieur de ces différentes communautés, émerge également une autre entité importante. Il s’agit d’une forme de « diaspora de la diaspora ». C’est-à-dire des personnes qui quittent leur pays d’origine, s’installent ailleurs pendant 10 ou 20 ans, et font souche. Ensuite, leurs descendants quittent ce pays d’accueil pour rejoindre un autre pays où elles font à nouveau souche. Cette diaspora de proximité et ce mouvement constant à l’intérieur du continent ne s’opèrent malheureusement pas sans heurts. En effet, on observe depuis plusieurs décennies une forme de xénophobie qui se développe et se manifeste à l’intérieur des pays africains (Afrique du Sud, Gabon, Guinée Équatoriale, Tunisie, etc.) contre les communautés africaines. Ces agissements sont déplorables et il est important de rappeler qu’à plusieurs reprises, notamment en ce qui concerne l’Afrique du Sud, les pays du continent se sont mobilisés et ont accueilli et offert l’asile à de nombreux Sud-africains qui tentaient d’échapper à la féroce répression du régime d’apartheid. Comment comprendre ces manifestations répétées de rejet du « frère africain » alors que certains sont installés depuis plusieurs générations et n’envisagent plus leur vie nulle part ailleurs que dans leur pays d’accueil ?

Il existe donc dans les Etats africains des grandes diasporas internes dont certaines ont, avec le temps, fait souche et sont devenues des autochtones (Oumarou, 2004). D’autres sont si bien intégrées qu’elles tiennent et contrôlent un ou plusieurs pans de l’économie de leur nation d’accueil (Oumarou, 2009-2010 ; Meyo Nze, 2011-2012 ; Mengong Bitounou, 2011-2012). Pendant que les peuples migrent à l’intérieur, les activités commerciales pratiquées en Afrique, demeurent tournées vers l’extérieur, favorisant ainsi l’extraversion économique du continent. Ceci représente un véritable paradoxe face à la volonté de plus en plus manifestée de l'intégration africaine.

Ce phénomène qui n’a pas été suffisamment étudié à notre avis, est la préoccupation centrale de ce colloque sur « les diasporas internes en Afrique ». Ce colloque se situe à l’intercis de la réflexion entre les mouvements interne des populations (migration) et le fruit de ces mobilités que sont la diaspora. Nous envisageons spécifiquement de changer de perspective en analysant cet « angle mort » des dynamiques migratoires en Afrique.

Cet appel s’adresse aux enseignants-chercheurs et chercheurs des universités, des instituts de recherche, aux doctorants et à tous les spécialistes qui s’intéressent à cette problématique. Sans s’y limiter exclusivement, les propositions de communications doivent s'inscrire dans au moins un des axes suivants :

    Axe 1 : Les grandes familles et les descendants des immigrés.
    Axe 2 : L’engagement politique et le poids économique.
    Axe 3 : Les secteurs d’activités.
    Axe 4 : Les relations avec les pays d’origine.
    Axe 5 : Les routes migratoires d’aujourd’hui et les grandes destinations.
    Axe 6 : Les diasporas nées de la guerre.
    Axe 7 : Les influences religieuses et idéologiques.
    Axe 8 : Les cadres d’accueil et les modes d’insertion.
    Axe 9 : Les agissements et manifestations xénophobes intra-africains.
    Axe 10 : La cohabitation entre les communautés étrangères et les populations locales

Les propositions doivent inclure l'identification de l'auteur (nom, prénom et affiliation institutionnelle), le titre de la communication proposée et un résumé de 300 mots maximum en français ou en anglais à l’adresse suivante : nueltchum2@gmail.com. Une attention particulière sera portée sur les travaux originaux qui s’appuient sur les enquêtes de terrain et les données empiriques.

Calendrier
Date-limite pour la soumission des propositions : 30 septembre 2023
Réponse aux appels : 30 octobre 2023
Tenue du colloque : Douala au Cameroun 9 et 10 mai 2024.
Le protocole de rédaction sera communiqué aux contributeurs dont les propositions seront retenues.